lang : en | fr

Charlot S'évade (The Adventurer)

Big mutual 0102
Year :
1917
Cast :
Charles Chaplin, Edna Purviance, Henry Bergman, Marta Golden, Eric Campbell, Albert Austin, Toraichi Kono, John Rand, Frank J. Coleman, Loyal Underwood, May White, Janet Miller Sully, Monta Bell
Production :
Mutual
Description :
Chaplin et son frère Sydney prirent quelques jours de congés à San Francisco après avoir terminé *L’Émigrant*. Chaplin était exténué par le rythme de production intense de la série des films pour la Mutual. Quatre mois passèrent avant que le dernier film, *Charlot s’évade*, sorte sur les écrans – pour Chaplin l’intervalle le plus long entre deux films jusqu’à ce jour. Film le plus populaire de la série Mutual, *Charlot s’évade* commence et se termine par une poursuite. C’est le film au rythme le plus soutenu de la série, et même s’il y a plus de slapstick que dans *Charlot policeman* et *L’Émigrant*, il est sauvé par sa construction, la richesse des personnages et la grâce chorégraphique de Chaplin. Dans l’un des moments célèbres du film, Charlot fait tomber une boule de glace dans son pantalon trop grand. Chaplin écrira une analyse détaillée de cette scène dans son article *Ce qui fait rire les gens* : *« Tous mes films sont bâtis dans l’idée de m’occasionner des embarras et ainsi me fournir l’occasion d’être désespérément sérieux dans ma tentative de paraître comme un petit gentleman normal. C’est pourquoi, aussi désespérée que soit ma situation, je veille à toujours bien tenir ma canne, redresser mon chapeau melon et ajuster ma cravate, même si je viens de tomber sur le crâne.* *J’en suis si convaincu que je ne cherche pas seulement à me mettre moi-même dans des situations embarrassantes, mais j’y implique également d’autres personnages du film. Lorsque j’agis ainsi, je m’efforce toujours d’économiser mes moyens. Par cela je veux dire que lorsqu’un seul incident peut provoquer à lui seul deux éclats de rire séparés, il vaut bien mieux que deux incidents séparés. Dans *Charlot s’évade* je mets en œuvre ce principe : je suis sur un balcon et je mange une glace avec une jeune femme. Attablée sous la terrasse, je place une forte femme, très digne et bien habillée. En mangeant ma glace, je fais tomber par mégarde une boule qui glisse à travers mon pantalon trop large et, du balcon, elle finit par tomber dans le cou de cette femme.* *Le premier rire est causé par mon propre embarras. Le second, bien plus fort, arrive quand la glace tombe dans le dos de cette femme qui se lève en hurlant et commence à se trémousser. Un seul incident, mais deux personnes dans les ennuis, et surtout deux grands éclats de rire.* *Aussi simple que cela paraisse, il y a deux caractéristiques de la nature humaine mises en jeu dans ces gags : l’un est le plaisir que prend le spectateur de classe modeste à voir les gens du grand monde dans des situations grotesques ; l’autre est la tendance naturelle du spectateur à ressentir les mêmes émotions qu’il voit sur une scène ou sur un écran.* *L’une des choses les plus vite apprises au théâtre est que le public en général est toujours heureux de voir les gens riches dans les ennuis. Et la raison en est, évidemment, que neuf dixièmes des gens sont pauvres, et jalousent en secret la fortune du dixième restant.* *Si, par exemple, j’avais fait tomber la glace dans le cou d’une femme de ménage, j’aurais suscité de la sympathie pour cette femme. Mais surtout, comme une femme de ménage n’a pas de dignité à perdre, cela n’aurait pas été aussi drôle. Pour le spectateur moyen, laisser tomber de la glace dans le cou d’une femme riche, c’est simplement faire aux riches ce qu’ils méritent.* *En disant que l’être humain ressent les mêmes émotions que celles dont il est témoin, je veux dire, en reprenant l’exemple de la glace, que lorsque la femme riche frissonne, le public frissonne avec elle. Ce qui met une personne dans une situation embarrassante doit toujours être familier au public, sinon le spectateur ne comprendra pas ce qu’il se passe. Sachant que la glace est froide, le public frissonne. Si l’on se sert de quelque chose que le public ne reconnaît pas de suite, celui-ci ne se rend pas bien compte. C’est sur cette même observation qu’est basé 'le lancé de tartes à la crème' dans mes films du début. Chacun sait qu’une tarte à la crème s’écrase mollement et, par suite, pouvait donc apprécier ce que ressent un personnage qui en recevait une. »* Parmi les autres morceaux de bravoure du film, citons celui où Chaplin s’immobilise sous un abat-jour pour que les gardes qui passent devant lui ne le voient pas, et une séquence de portes coulissantes qui deviennent, tour à tour, un abri temporaire, un mur amovible et une porte vers la liberté. Il est ironique que le dernier film de cette intense série de films pour la Mutual montre Chaplin s’évadant de prison. Contrairement à la Essanay, les relations de Chaplin et de la Mutual prennent fin de façon très amicale. Mutual propose un million de dollars pour huit films de plus mais Chaplin désire une plus grande indépendance. Il écrira plus tard : « Je crois bien que mon séjour à la Mutual fut la période la plus heureuse de ma vie. J’étais léger et libre, j’avais vingt-sept ans, avec devant moi de fabuleuses perspectives et un monde aimable et attrayant. » Texte écrit par Jeffrey Vance, adapté du livre Chaplin: Genius of the Cinema (New York, 2003) © 2009 Roy Export SAS. Traduction française adaptée des textes de pochette du coffret La Naissance de Charlot : The Mutual Comedies 1916-1917. Serge Bromberg. Arte France/Lobster Films. Paris : 2013
DVD & Blu-ray :

Learn More...